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Le parloir (sprechfenster), le sentiment du fer (fulen), et le même temps (indes)

Le parloir désigne la situation où les deux adversaires ont leurs épées au contact, dans une position semblable à la longue pointe.

Cette position s'obtient lorsqu'un coup est donné et qu'il est contré par un autre coup ou parade : les épées sont au contact. Ce contact entre les deux épées est appelé le liage, les épées sont liées.

Ringeck explique :

Retiens ce qu'on appelle le parloir : quand il te lie à l'épée avec un coup ou une parade, alors reste ferme avec les bras tendus, le long-tranchant à son épée et la pointe à son visage, tiens-toi librement et examine ce qu’il fait et ce qu'il veut exécuter contre toi.

Remarque, chez l'auteur italien Fiore dei Liberi cette position est appelé l'incrossada.

A partir de cette position les deux adversaires vont observer les actions et tenter de deviner les intentions de l'autre.

L'adversaire peut poursuivre de différentes manières :

Le fait d'aviser si l'adversaire est fort ou mou dans sa tenue de l'épée est appelé le "sentiment du fer" : le fulen en allemad. Le sentiment du fer est associé à une autre notion : le même temps, indes en allemand. Le même temps désigne le fait d'agir simultanément aux actions adversaires, cela est justement possible grâce au sentiment du fer. Le sentiment du fer consiste à ressentir la manière dont votre adversaire tient son épée et se comporte et ainsi de deviner ses intentions et donc anticiper ce que vous devriez faire.

Le Ms 3227a explique :

Et quand tu te tiens donc là avec lui à l’épée, alors tu dois bien aviser et ressentir ses desseins, s’ils sont mous ou fermes.

Les maîtres de la tradition Liechtenaurienne ont une très haute estime du fulen.

Ringeck explique :

Voici : tu dois bien apprendre et comprendre le sentiment et le mot même temps, parce que ces deux choses se conçoivent ensemble et constituent le summum de l'art du combat. Comprend donc cela : lorsque vous vous liez l'épée l’un l'autre, alors tu dois, au moment où les lames s'entrechoquent l'une et l'autre, bien ressentir tout de suite s'il a lié mou ou ferme.

Peter von Danzig ajoute :

Celui qui est ou veut devenir maître de l’épée mais qui ne sait pas ressentir, et par-dessus le marché ne comprend pas le mot même-temps, celui-là n’est pas un maître, mais plutôt un bourrin de l’épée. C’est pourquoi tu dois bien étudier ces deux choses afin de bien les comprendre.

En tant que pratiquant de l'escrime Liechtenaurienne, vous vous devez de travailler toutes les techniques de jeu au fer, de développer votre sentiment du fer. L'escrime Liechtenaurienne se démarque par un grand nombre de techniques au fer. Mais ces techniques sont subtiles et nécessite d'être pratiquées régulièrement. Ne nombreux pratiquants d'AMHE, dès que les épées se croisent, ne savent faire rien d'autres que frapper de l'autre côté. Ce sont des bourrins de l'épée, ne soyez pas un bourrin de l'épée.

Afin d'améliorer votre escrime voici mon conseil : pour toutes les techniques qui font suite à un contact de lame, travaillez les depuis le parloir, et non pas depuis la garde du jour à distance éloignée. Après avoir répété de nombreuses fois ces techniques depuis le parloir, passez dans un second temps à une distance plus lointaine depuis la garde du jour. N'hésitez pas à revenir régulièrement les travailler depuis le parloir.

Enfin, en combat, faites de la longue pointe une de vos postures favorites, provoquez ce contact de lame et de là avisez, grâce au sentiment du fer, des suites à donner comme expliqué dans les sources.

Peter von Danzig explique :

Cette garde est la longue pointe qui est la plus noble et la meilleure ; celui qui sait s'escrimer convenablement de cette garde à l’épée pourra, à sa merci, forcer l’adversaire à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant la pointe, en venir aux coups ou aux estocs.

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