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Les gardes

La plupart des traditions martiales ont un grand nombre de gardes. Liechtenauer n'en propose que 4 principales. On retrouve toutefois plusieurs (cinq) positions couramment utilisées qu'il convient aussi d'apprendre. A noter que d'autres auteurs plus tardifs comme Joachim Meyer ou Paulus Hector Mair ajoutent aussi plusieurs gardes, mais leur apprentissage est facultatif si l'on souhaite se concentrer sur l'escrime traditionnelle de Liechtenauer.

Sigmung Ringeck indique (traduction ARDAMHE) :

tu ne dois considérer aucune autre garde que ces quatre qui sont décrites ci-dessous

Il se contredit lui-même en présentant gardes supplémentaires dans son traité : la garde de la barrière (Schrankhut) et la garde de côté (Nebenhut).

Le Ms 3227a, comme à son habitude, nous fourni plus d'informations (traduction ARDAMHE) :

Seules quatre postures sont à tenir en estime ; les communes fuis-les. Le bœuf, la charrue, le fou, le jour ; qu’elles ne te soient pas étrangères.

Glose : Ici il nomme quatre postures ou gardes que l’on se doit de connaître. Toutefois, avant toute chose, il ne faut pas rester dans l’une de ces gardes trop longtemps. En effet, Liechtenauer a une telle maxime : "Celui qui se pose là, celui-là est mort ; celui qui se déplace, celui-là vit encore" ; et cela concerne les postures. À ce propos, il vaut mieux se déplacer pendant le combat plutôt que d’attendre dans une garde dans laquelle on risque de se fermer à toute opportunité.

Joachim Meyer dans son traité du XVIème siècle fait la liste de 13 gardes.

Les 4 gardes principales

Garde du jour (Vom Tag)

Remarque : La traduction française est souvent aussi "garde du toit", mais toit en allemand s'écrit Dach. Les premières traductions de ces traités effectuées par l'association ARDAMHE ont fait le choix de "toit". Mais depuis les connaissances ont évoluées, et si une reprise des traductions avaient été à l'ordre du jour de l'ARDAMHE, "Vom Tag" aurait été traduit par "Garde du jour". En savoir plus.

La garde du jour, en allemand Vom Tag, est une garde haute. Elle se tient à l'épaule ou haut dessus de la tête.

Tenue à droite, on place la jambe gauche devant, et l'épée à son épaule droite, le faux tranchant vers soi et le vrai tranchant vers l'adversaire.

Tenue à gauche, on place la jambe droite devant, et l'épée à son épaule gauche, le faux tranchant vers soi et le vrai tranchant vers l'adversaire. Attention à ne pas orienter le faux tranchant vers l'adversaire dans ce cas, qui est une erreur récurrente chez les débutants.

La garde du jour à droite

Tenue au dessus de la tête, on peut placer aussi bien la jambe droite que la jambe gauche devant.

Joachim Meyer présente Vom Tag exclusivement tenue au dessus de la tête. Il présente une garde avec l'épée tenue à l'épaule, la garde furieuse (zornhut), mais la posture est différente.

Garde du jour chez Joachim Meyer

Garde du boeuf (Ochs)

La garde du boeuf, en allemand Ochs, est aussi une garde haute. Elle se tient à l'épaule, les bras pliés, mais avec la pointe allant vers le visage de l'adversaire. Les quillons sont à l'horizontale, le pouce venant se placer sous son épée sur le plat de la lame.

Tenue à droite, on place la jambe gauche devant, le faux tranchant est vers soi. Elle protège l'ouverture en haut à droite.

Tenue à gauche, on place la jambe droite devant, le vrai tranchant est vers soi. Elle protège l'ouverture en haut à gauche.

On nomme parfois de "Boeuf", une position similaire même si les quillons ne sont pas horizontaux.

Garde de la charrue (Pflug)

La garde de la charrue, Pflus, est une garde basse tenue avec les mains au niveau des hanches avec la pointe allant vers le visage de l'adversaire.

Tenue à droite, on place la jambe gauche devant, les mains à sont flancs droit, le vrai tranchant vers le sol. Elle protège l'ouverture en bas à droite.

Tenue à gauche, on place la jambe droite devant, les mains à sont flancs gauche, le faux tranchant vers le sol. Toutefois elle souvent exécutée avec le vrai tranchant vers le sol. Elle protège l'ouverture en bas à gauche.

Garde du fou (Alber)

La garde du fou, en allemand Alber, est une garde basse qui se tient l'épée vers le sol devant soi.

La garde du fou illustrée dans un traité de Paulus Hector Mair

Autres gardes/positions Liechtenaurienne

Longue pointe (Langenort)

La longue pointe, Langenort en allemand, se tient les bras tendus en direction de l'adversaire, et son épée pointant la pointe droit vers le visage de son adversaire.

La jambe droite comme la gauche peuvent être devant.

Bien qu'ils s'agissent d'une garde secondaire (qui ne fait pas partie des 4 gardes princiaples), les auteurs ont la garde de la longue pointe en très haute estime :

Peter von Danzig (traduction ARDAMHE) :

cette garde est la longue pointe qui est la plus noble et la meilleure ; celui qui sait s’escrimer convenablement de cette garde à l’épée pourra, à sa merci, forcer l’adversaire à se laisser vaincre, sans qu’il ne puisse, devant la pointe, en venir aux coups ou aux estocs.

Garde de la couronne (Kron)

La garde de la couronne se tient avec l'épée devant votre tête, la pointe en l'air, les quillons à l'horizontal au niveau du front, avec le plat de la lame vers vous.

C'est une posture très défensive lorsqu'on subit des attaques. C'est plutôt une mauvaise position dans laquelle on n'est pas satisfait de se retrouver.porte

Il faudra donc à la fois apprendre à battre un adversaire qui se réfugie en couronne, mais aussi à se sortir de cette mauvaise passe lorsqu'on se retrouve soit-même en couronne.

Joachim Meyer donne se conseil à propose de cette garde : Ne te repose pas trop sur la couronne : d’elle, tu n’obtiendras que mépris et honte. (traduction Gaëtan Marain).

La garde du changement (Wechselhut)

Cette garde est la position dans laquelle on se retrouve après avoir donné un coup de haut diagonale qui termine sa course jusqu'au sol. Le faux tranchant est vers l'adversaire.

Cette garde est clairement nommée par Joachim Meyer, toutefois on retrouve cette position sans que son nom soit indiqué chez les premiers glossateurs.

Sigmund Ringeck parle de cette position mais sous le nom de garde de côté (nom que nous utiliserons pour décrire une autre position).

Sigmund Ringeck nous dit (traduction ARDAMHE) :

Ici retiens, à partir de la garde de côté, c'est-à-dire à partir des rayages, à combattre. Sache qu'à partir des rayages ont peut bien combattre. Bien qu'elles ne soient pas décrites dans le recueil, il y a cependant des pièces hors du recueil avec lesquelles on doit combattre. On doit exécuter les rayages du côté gauche, parce que de la droite elles ne sont pas aussi certaines que de la gauche. Quand tu te postes en la garde de côté à ton côté gauche et qu'on te frappe de dessus vers le bas, alors raye de dessous durement sur son épée avec le court tranchant. S'il résiste fortement et qu'il n'a pas les mains trop hautes, alors double entre lui et son épée avec le court tranchant à son cou à gauche.

Nous utilisons ici les termes de Joachim Meyer qui présente distinctement les gardes du changement et de côté.

Garde de côté (Nebenhut)

La garde de côté est citée par Sigmund Ringeck, mais comme indiqué précédemment, elle semble chez lui plutôt correspondre à la position de la garde du changement.

La garde de côté est une garde basse, pointe vers le sol, le vrai tranchant vers l'avant. C'est une garde qui est idéal pour initier un coup de bas.

Garde de la barrière (Schrankhut) / Porte de fer (Eisenport)

Garde de la barrière :

La Porte de fer :

La Garde de la barrière et la Porte de fer désignent souvent la même garde, mais pas toujours... Il est préférable d'utiliser le terme de la garde de la barrière qui est moins soumis à confusion, la porte de fer désignant une autre garde chez Joachim Meyer. On préfèrera utiliser "Porte de fer" uniquement pour la garde décrite par Joachim Meyer.

Sigmund Ringeck décrit la garde de la barrière ainsi (traduction ARDAMHE) :

La garde de la barrière se fait ainsi: Quand tu combats avec quelqu'un et tu viens prés de lui, alors mets-toi avec ton pied gauche devant et pose ton épée avec la pointe à terre à ton côté droit, le long tranchant au-dessus. Au côté gauche, mets le court tranchant dessous et le pied (droit) devant. Les pièces à faire à partir de la garde de la barrière.

La garde de la barrière est aussi présente chez Joachim Meyer et est présentée ainsi (traduction Gaëtan Marain) : La garde de la barrière est adoptée lorsque tu tiens ton épée avec les mains croisées devant toi avec la pointe vers le sol, comme on le voit clairement dans l’image suivante F.

Les gardes chez Joachim Meyer

Joachim Meyer présente 14 gardes, dont 9 d'entre elles ont déjà été présentées plus haut :

Les 6 nouvelles gardes chez Joachim Meyer

La garde furieuse / garde de la colère (Zornhut)

La garde furieuse est l''évolution de la garde Vom tag qui existait au 15 ème siècle. Elle est sa déclinaison tenue à l'épaule. Joachim Meyer la montre avec une balance (équilibre) ayant le poids sur le pied arrière.

La licorne (Eynhorn)

La licorne est une garde nouvelle de Joachim Meyer.

La clef (Schlüssel)

La clef est une garde nouvelle de Joachim Meyer.

Pointe suspendue (Hengenort)

Le pointe suspendue est une garde nouvelle de Joachim Meyer. Cependant les hengen (suspension) sont des positions essentielles du système Liechtenaurien orthodoxe.

La porte de fer (Eisenport)

La porte de fer est un nom récurrent qu'on retrouve dès le 15ème siècle en Allemagne mais aussi en Italie chez Fiore dei Liberi.

Il s'agit d'une position à mis chemin entre la charrue et la longue pointe : l'épée et les mains sont centralisées, mais les bras ne sont pas étendues vers l'avant comme pour une longue pointe.

Garde médiane (Mittelhut) ou Garde de la rose (Hut die Rosen)

Cette garde n'est pas présentée dans le chapitre sur les gardes et postures mais bien plus loin dans le traité de Joachim Meyer.

Il l'explique parce que ce n'est pas une garde dédiée à l'épée longue mais plutôt au dussack, il se décide à la présenter car elle est facile à enseigner.

Il indique que cette garde porte aussi le nom de garde de la rose.

Fenêtre brisée (Brechfenster)

C'est une garde qui se fait exclusivement au liage, et qui est semblable à la courronne, mais avec les mains plus avancées.

Vidéo de présentation des gardes de Joachim Meyer