Retour

Section 2 : Comprends l'importance de la pointe de ton épée

Ms3227a (traduction ARDAMHE)

Folio 18v, 19r et 19v :

Tout d’abord note et sache que la pointe constitue le centre, le milieu et le cœur de l’épée ; pointe, de laquelle partent toutes les techniques de combat et vers laquelle elles retournent. Ainsi, les suspensions et les rotations consistent respectivement à suspendre et à tournoyer autour de ce centre et cœur duquel sont issues de nombreuses fort bonnes pièces d’escrime. Et ces dites manœuvres ont été inventées et élaborées afin qu’un escrimeur frappant ainsi de taille et d’estoc, suivant la pointe – ne touchant pas nécessairement à chaque fois – puisse, au milieu de ces mêmes pièces, atteindre son adversaire d’un estoc ou d’une entaille grâce à une retraite, une marche, un pas circulaire ou un saut.

Et quand un homme laisse son épée se lancer ou se tendre vers l’avant en la projetant ou en marchant en avant, l’autre n’est pas en mesure de le blesser ou de le raccourcir à l’aide de rotations ou en marchant en dehors. De cette façon, l’autre ne peut venir avec la moindre pièce ou loi de l’escrime, de laquelle il pourrait effectuer coups, estocs et entailles. Car dans l’art de Liechtenauer, toute pièce d’escrime ou loi engendre coups, estocs et entailles, comme nous le verrons plus loin ; c'est-à-dire nous verrons comment une pièce ou une loi provient d’une autre, et comment l’une se forme à partir de l’autre – dès lors que la première est contrée – de façon à ce que la nouvelle touche et gagne la priorité.

En outre, sache et retiens qu’aucune chose dans l’épée n’a été inventée en vain ; au contraire : un escrimeur doit mettre à profit la pointe, les deux tranchants, la garde et le pommeau – bref, tout ce qui constitue l’épée selon les règles particulières que ces dits éléments possèdent au sein de l’art de l’escrime. Cela, tu le verras et l’entendras en détail ultérieurement. Aussi retiens et sache qu’en disant "Veux-tu faire montre d’art etc." Liechtenauer signifie qu'un habile escrimeur doit placer son pied gauche devant, et menacer son homme avec des coups directs de son côté droit, jusqu’à ce qu’il voie où il peut lui en placer un et bien l'atteindre grâce à ses pas. De plus, Liechtenauer indique également que pour se battre avec force, il faut initier le combat à partir du côté droit, avec tout le corps et avec toute sa force, en visant la tête et le corps, uniquement là où il peut toucher, et en ne visant jamais l'épée adverse. Au contraire, il doit faire comme si l'adversaire n'avait pas d'épée ou comme s'il ne la voyait pas ; et il ne doit pas oublier d’utiliser les éraflures, mais plutôt rester constamment dans l’ouvrage et chercher les touches, de façon à ce que l'autre ne parvienne pas à en venir aux coups.