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Section 1.a : L'escrime d'école versus l'escrime sérieuse : simple, directe, rapide et à mesure

Ces conseils sont issus du Ms3227a et n'ont pas d'équivalent dans les autres traités Liechtenauerien.

La première phrase nous informe de la différence entre l'escrime d'école et l'escrime sérieuse. L'escrime d'école ne tient pas compte de la mesure, c'est à dire qu'elle est pratiquée hors-distance. En effet, sans masque d'escrime, pour s'entrainer il serait trop dangereux de pratiquer dans la vrai mesure. Cette escrime d'école n'est pas décrié, au contraire l'auteur souligne sous utilité "grâce à l'entraînement et la pratique".

Cette contrainte d'inexistence du masque nous ne l'avons plus de nos jours et nous pouvons nous entrainer et pratiquer à la bonne mesure/distance.

La suite des conseils traite de l'escrime sérieuse, qui doit non seulement être à la bonne mesure, mais doit aussi être simple et directe. On perçoit ici une différence notable entre l'escrime sérieuse décrite ici et l'escrime de Joachim Meyer qui n'a pas vocation à être appliquée dans les affaires sérieuses.

Traduction du Ms 3227a par l'ARDAMHE :

Folio 14v

Lorsqu'ils pratiquent une escrime qui ne tient pas compte de la mesure, alors il ne s’agit pas vraiment de l'art sérieux du combat, mais plutôt de l'escrime d'école, qui est quelque peu profitable grâce à l'entraînement et la pratique.

Mais l'escrime sérieuse se veut beaucoup plus simple et directe, sans autre perte de temps ni hésitation, comme suivant un fil ou comme si chaque élément était mesuré et pesé.

Lorsqu'un homme veut en tailler ou estoquer un autre qui se tient là devant lui, alors il lui est inutile de se complaire en une escrime qui s'en remet au petit bonheur la chance et va chercher trop loin avec de nombreux coups de taille et d'estoc devant, derrière et sur les côtés, alors qu'un seul coup suffit.

Au contraire, il doit frapper directement et immédiatement à son homme, à la tête ou au corps, au plus près et le plus rapidement possible, dès qu’il peut l’atteindre, et avec une vigueur et une célérité mesurées.

Et il vaut mieux qu’il donne un coup de taille ou d’estoc plutôt que quatre ou six, ce qui le ralentirait, permettant ainsi à son adversaire de venir avant lui aisément.

En effet, le coup initial te donne un grand avantage lors du combat, comme tu vas l’entendre ci-après dans le texte ; et là-dessus Liechtenauer déclare que seuls cinq coups d’une puissance exceptionnelle sont utiles pour le combat initial.

Folio 15r

Et apprend donc à mettre en pratique l’Art véritable de la manière la plus succincte et avec le plus de célérité possible, comme cela se doit d’être fait ; et laisse le tambourinage et les "innovations" aux bons soins des maîtres à danser – qui, par ailleurs, s’efforcent de singer l’art de Liechtenauer.